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Procès Bissonnet

Premier article

3 Novembre 2010

Le dossier que les jurés de l’Hérault vont avoir à examiner à partir du 27 septembre au palais de justice de Montpellier est celui de l’assassinat le 11 mars 2008 de Bernadette Bissonnet, 57 ans. Il présentait à l’origine toutes les apparences de la simplicité. Les investigations s’étaient déroulé dans les règles : relevé d’indices par les TIC (techniciens en identification criminelle), les auditions avaient été effectuées par les officiers de police judiciaire de la Section des recherches puis par deux juges d’instruction. En tout plus d’un millier de procès-verbaux et de rapports d’expertises avaient été rédigés. En dépit de cette méticulosité, à l’ouverture des débats publics, subsisteront de nombreux points d’interrogation.

C’est Jean-Michel Bissonnet qui découvre le corps dans le hall de la villa cossue où le couple réside à Castelnau-Le-Lez. Il est 22 heures et le mari de la victime rentre de Montpellier où il assistait à une réunion du Rotary club. Il téléphone immédiatement à la gendarmerie

« Ne touchez à rien, lui répond le planton. La patrouille de nuit est partie, elle va arriver vite, vous n’étiez pas chez vous ce soir ? ».
« Non, j’arrive juste. Mon Dieu, ma Bernadette chérie, mais pourquoi ils t’ont fait ça ces salopards. Je vais chercher une veste pour recouvrir sa tête, je peux plus voir sa tête avec sa bouche ouverte ».


Jean-Michel Bissonnet ne se contente pas de cacher le visage de son épouse, il éponge le sang répandu sur le sol. Ce geste, comme d’ailleurs son comportement impulsif et le fait que rien n’ait été volé dans la maison, le rendent quelque peu suspect. Placé en garde à vue, il affirme ne pas comprendre les raisons du meurtre de son épouse. Il ne lui connaît aucun ennemi et s’entend bien avec elle.

Parmi les visiteurs habituels de la villa, il cite, après la femme de ménage, Meziane Belkacem dont la tâche principale est de laver les carreaux. L’homme est interpellé. Il reconnaît assez vite être l’auteur des deux coups de fusil de chasse qui ont tué la victime. Il ajoute ensuite que c’est un ami de Jean-Michel Bissonnet qui a fournit l’arme du crime et s’est chargé de la faire disparaître. L’ami en question, Amaury d’Harcourt, 85 ans, avoue à son tour et désigne aux gendarmes l’endroit où il a jeté dans le Lez le vieux fusil de chasse.

Les enquêteurs tiennent désormais un coupable, un complice et l’arme du crime. Ils croient même connaître la raison pour laquelle le descendant d’une des plus anciennes familles de la noblesse française s’est associé avec un maghrébin analphabète afin d’abattre une pharmacienne à la retraite. Les deux complices ont en effet déclaré que c’est l’époux qui a organisé le meurtre. Meziane Belkacem aurait accepté de tuer en échange de la promesse de 30 000 euros et le vicomte d’Harcourt aurait caché le fusil pour rendre un petit service à son ami à qui il devait de l’argent. Le dossier serait parfaitement bouclé si Jean-Michel Bissonnet passait, lui aussi, aux aveux.

Pourtant, malgré les interrogatoires au cours desquels il fait parfois des déclarations contradictoires, malgré les reconstitutions, malgré certains témoignages mettant en doute la sérénité de sa vie conjugale ou affirmant qu’il avait l’intention de se débarrasser de son épouse, malgré nombre d’appels téléphoniques suspects, l’homme d’affaires à la retraite n’en démord pas : il n’a rien à voir avec le crime. Et il n’existe toujours à son encontre aucun élément matériel incontestable prouvant qu’il ait organisé l’assassinat de Bernadette. Dès lors, et c’est ce qui donnera leur intensité aux débats de la cour d’assises, seule l’intime conviction des jurés sera déterminante.

L’accusé aura à se défendre des accusations pas toujours concordantes de ses co-accusés, de déclarations portant sur des propos tenus avant la commission du crime et d’un faisceau de suspicions. Il présentera en sa faveur les témoignages de ses fils et même de son beau-père qui croient en son innocence. Il bénéficiera aussi, si les jurés tiennent compte de cet élément extérieur au procès, de l’appui d’un comité de soutien qui ne comprend pas pourquoi un présumé innocent est en détention provisoire depuis deux ans alors qu’Amaury d’Harcourt qui a reconnu avoir été complice du meurtre comparaîtra libre. Le « trouble à l’ordre public » que représenterait, selon le parquet, sa mise en liberté est un prétexte, affirment ses amis qui ont même financé un sondage pour tenter de le démontrer.

Une grande partie de l’instruction se refera donc oralement à l’audience. C’est sans doute pour cette raison que le procès doit durer un mois. Les jurés ne disposant pas du dossier, c’est sur la force de persuasion des nombreux témoins à charge et à décharge, les interventions des avocats et les arguments de l’avocat général que se jouera le sort de l’époux de la victime. Son comportement dans le box des accusés jouera aussi son rôle. A condition toutefois qu’il y soit présent.
En effet, lors de l’examen de sa dernière demande de mise en liberté, le 7 septembre dernier, Jean-Michel Bissonnet a affirmé qu’il préférerait mourir plutôt que de comparaître devant les jurés.

Voir le second article sur l'affaire Bissonnet


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