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J’ai jadis coécrit avec François Reynaert, devenu depuis chroniqueur au Nouvel Observateur, un ouvrage définitif sur les rapports entre l’État et les religions. « Sur la terre comme au ciel » avait été conçu en 1989, lorsque deux fillettes prétendant porter un foulard pour assister aux cours d’une école publique avaient involontairement déclenché un débat politico éthique qui n’est toujours pas clos.
Même si ce livre n’a pas eu le succès mondial qu’il méritait, il m’autorise néanmoins à me poser en expert de la question religieuse et donc à commenter après tant d’autres la démission pontificale.
Il s’agit incontestablement d’un événement rare auquel notre génération aura eu le privilège d’assister. Je n’en estime pas pour autant, contrairement à ce que j’ai lu ou entendu, qu’il s’agisse d’un événement historique. Pas plus que ne l’a été l’exhibition des seins de la duchesse de Cambridge ou la récente abdication de la reine Beatrix. Ni les nichons de « Kate », ni le départ à la retraite de la souveraine des Pays Bas, ni celui du souverain du Vatican ne me paraissent en effet être de nature à changer le cours de l’histoire du monde. Et encore moins le quotidien de ceux qui y vivent.
La renonciation (renuntiatio en latin) de Benoît XVI m’amène pourtant à me poser cette simple question : Quelle est aujourd’hui l’utilité du pape et, surtout, pourquoi jouit-il du statut de chef d’état ?
Nous avons entendu à ce propos tout ce que la langue de bois médiatique peut offrir sans que nous soit fourni un seul exemple concret de ce que cette institution, aussi coûteuse qu’arrogante, apporte aux pauvres humains qui ont la malchance de ne pas appartenir à l’Eglise catholique apostolique et romaine mais n’en constituent pas moins la grande majorité de la population mondiale.
Je ne devrais pas en être pour autant surpris car j’ai assisté au même phénomène lors des divers incidents qui émaillent la vie des rois et reines qui parsèment encore la carte de l’Europe et dont je suis bien incapable de comprendre l’utilité.
Pour moi, le mystère reste entier. Tout au plus puis-je penser que, s’ils ne font rien de bien, les souverains européens ne font pas non plus grand chose de mal hormis le fait d’incarner la supériorité héréditaire du sang royal sur celui de leurs sujets.
Le cas du pape est un peu différent puisqu’il est certes un « people » mais aussi le souverain d’un état bafouant toutes les règles à l’aune desquelles les organisations humanitaires ont pris l’habitude de classer les régimes politiques.
L’État du Vatican se distingue en effet des démocraties par le maintien de valeurs tout à fait singulières dont la remise en question tiendrait du blasphème et du sacrilège.
Qui nomme le pape ? : les cardinaux que son prédécesseur a désigné sur des critères connus de lui seul. Une fois mis de côté le mythe du Saint Esprit qui préparerait les urnes, quelle est la légitimité d’une telle élection ?
Qui contrôle le pape ? : personne puisqu’il est infaillible et n’a de comptes à rendre qu’à lui-même.
Sur quoi règne-t-il ? : sur un état souverain dont l’essentiel des ressources est le placement en bourse des dons des fidèles qui n’ont aucun moyen de contrôler l’usage de leur argent.
Sur qui règne-t-il ?: sur un monde clos de 44 km2, essentiellement masculin où les femmes jouent le rôle de servantes effacées et où aucune naissance n’a jamais été enregistrée.
La liberté d’expression ?: au Vatican, la radio, la télé, la presse écrite et même internet sont un monopole pontifical.
Peu de chefs d’état peuvent se vanter de posséder un pouvoir aussi despotique et de n’encourir de ce fait aucune critique des organismes qui veillent à l’éthique des gouvernants.
Si le Vatican n’était qu’une réunion privée d’adultes consentants croyants aux pouvoirs surnaturels du pape, il ne s’agirait que d’une secte parmi d’autres. Le problème est que le Vatican est internationalement reconnu comme un État souverain. Il possède son hymne, son drapeau, son armée, sa monnaie, ses timbres, ses diplomates… Bref, c’est en apparence un véritable état. Mais un état qui bénéficie du privilège de ne voir son fonctionnement politique soumis à aucun examen.
L’origine sulfureuse de l’état du Vatican explique peut-être en partie l’existence de cet autocrate exceptionnel qui réunit dans sa seule main les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. L’acte de naissance du Vatican, tel que nous le connaissons, est en effet un traité signé en 1929 entre le pape Pie XI et le Duce Benito Mussolini. Avec de tels parents, il était peu vraisemblable que le bébé possède le moindre gène démocratique.